Balade sur les traces du vin dans la ville

Le CIVB (Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux) est le quartier général des professionnels du vin. Négociants et vignerons s’y retrouvent pour défendre et promouvoir les vins de Bordeaux. Au rez-de-chaussée de cet imposant immeuble, achevé en 1789, se trouve un bar à vins où vous pourrez déguster toute la palette des appellations viticoles bordelaises en admirant deux splendides verrières de René Buthaud (1886-1986), truffées d’allégories autour du vin..

Vous voilà face à la statue la plus magistrale de la ville élevé entre 1893 et 1902 ! Intéressons-nous à son côté situé face au Jardin public où est évoqué le triomphe de la République. Le vin y est représenté à travers le visage sculpté d'un masque de satyre, compagnon de Bacchus, et d'un enfant assis sur une tonnelet. Les avez-vous repérés ?

Si cette femme tend une grappe de raisin à Alexis Millardet, ce n’est pas pour satisfaire sa gourmandise ! Elle est une allégorie de la vigne et remercie ce scientifique qui inventa vers 1885, la fameuse bouillie bordelaise. Ce savant mélange bleu à base de cuivre permet de lutter contre le mildiou, une maladie qui attaque les vignes.

Avant 1750 se trouvait ici un vieux chemin qui longeait le château Trompette. L'intendant Tourny le fit paver et des arbres y furent plantés. Le "pavé des Chartrons" était né. Ici logeaient de riches négociants. À gauche se trouvent des façades au style Louis XVI avec des balcons sur trompe et des ferronneries remarquables plutôt de tradition bordelaise. À droite, l’église anglicane Saint Nicolas, datant de 1841 (désaffectée aujourd'hui) encadrée de maisons au style néo-classique un peu sévère qui rappellent presque certains quartiers de Londres !

Initialement construit pour stocker sous douane les marchandises arrivant des colonies et issues du commerce triangulaire comme le sucre, le cacao, le café, le coton ou les épices, l’entrepôt Lainé, construit entre 1822 et 1824, est l'œuvre de Claude Deschamps, également architecte du pont de pierre. Aujourd’hui, le bâtiment abrite le CAPC Musée d'art contemporain de Bordeaux et le centre d'architecture Arc en rêve.

Ici se trouvait le siège du premier consulat des États-Unis ouvert dans le monde. Georges Washington l’installa à Bordeaux en remerciement de la part prise par la ville dans la guerre d'Indépendance. L’hôtel particulier porte le nom du premier consul américain, Joseph Fenwick, qui le fit édifier dès 1793. Deux proues de bateaux sur la façade rappellent l’importance du marché maritime. Reculez de quelques pas, vous apercevrez deux petits belvédères sur la toiture qui permettaient de garder un œil sur les entrées de bateaux dans le port.

Cette rue est la colonne vertébrale du vibrant quartier des Chartrons. Cet ancien chemin fut baptisé "chemin de la Palu" en raison des marais qu'il traversait. Il fut ensuite consolidé pour faciliter le déplacement des barriques, avec de larges rues et des impasses pour faciliter l’accès des chais à la Garonne. Il faut imaginer le bruit des barriques roulant toute la journée sur ses pavés !

Nombreuses furent les familles de négociants d’Europe du Nord qui s’installèrent à Bordeaux entre le 17e et le 19e siècle. Afin que toutes puissent pratiquer leur religion, des édifices religieux furent construits comme ce temple protestant datant de 1832. Cédé à la ville en 1985, il a abrité du matériel du CAPC et du musée des beaux-arts. Puis en 2019, il a provisoirement rouvert ses portes au public pour accueillir une exposition de l'artiste espagnol Gonzalo Borondo.

La vigne palissée sur les façades est une tradition qui remonte à l'Antiquité. Dans le vieux Bordeaux, la vigne poussait le long des murs des maisons, dans les jardins privés et religieux. Ici, à l'initiative de Bigoudy, un amoureux des Chartrons et du vin, ces rez-de-chaussée ( du 31 au 33 et 38) ont été embellis dans les années 2000 par des treilles.

Au numéro 65 de la rue Notre-Dame se situe une imprimerie-lithographie datant de 1880. Ici étaient imprimées les étiquettes des bouteilles de vin. Vous remarquerez la majestueuse glycine qui orne sa façade et dissimule les traces du nom de l’enseigne.

À l’époque du commerce maritime du vin, les manutentionnaires faisaient rouler les barriques dans ces petites impasses qui permettaient d’accéder aux quais depuis les chais des maisons de négociants pour charger les bateaux. De chaque côté de cette impasse, deux bornes en pierre (appelées aussi chasse-roue) protégeaient les angles des murs des dommages que pouvaient occasionner les roues de carrosses ou des charrettes.

Les maisons de négociants embellissent la ville par leurs façades ornementées ! Vous y verrez, sculptées dans la pierre, des représentations de l’activité commerciale du port de Bordeaux. Levez la tête au n°25 où figurent des pampres de raisin et des fèves de cacao et ne passez pas à côté du n°21 avec ses mascarons et ferronneries.

Encore de belles façades de maisons de négociants richement ornementées de motifs évoquant l’activité du port.  Le tracé des parcelles, dit "en lanière", imposa des façades étroites derrière lesquelles s'étendaient les ateliers de tonnellerie, les salles d'embouteillages et d'étiquetage ainsi que les chais de vieillissements longs parfois de 50 mètres voire 400 mètres à Bacalan. Les larges portes permettaient le passage des barriques. La « noblesse du bouchon » habitait ces bâtisses jusqu’aux années 1950.

Plongez dans l’histoire du port maritime et du commerce du vin à Bordeaux ! Ici, cartes anciennes, maquettes, instruments et portraits illustrent la vie du port avec toutes ses richesses, de l’époque où la ville se nommait encore Burdigala à aujourd’hui.

Implanté dans l’ancienne maison d’un négociant irlandais, ce musée permet de voir de près à quoi ressemblaient ces demeures. La cheminée de la tonnellerie est toujours en place ! Vous contemplerez alors l’architecture de ces longues et hautes bâtisses en pierre avec les étages d’habitation, les chais, caves et tonnelleries qui servent désormais de lieux d’exposition pour raconter l’histoire du vin de Bordeaux. Un lieu surprenant qui vaut le détour !

Avant, sur cet espace, le sol était jonché de terre battue et l’activité viticole battait son plein. Ces chais, accolés les uns aux autres, ont été réhabilités pour devenir une zone de créativité. Des artisans y ont pris place et aujourd’hui, ébéniste, créateur de costumes ou encore restaurateur de tableaux animent cette rue résolument artistique.

La famille de Luze, anciens négociants protestants de Charente, a donné son nom à ce passage qu’on nomme courroir, car les barriques « couraient » ici jusqu’à la Garonne. Certaines étaient entreposées les unes sur les autres. Avant de rejoindre les quais, arrêtez-vous un instant pour observer sur le mur à votre gauche l’empreinte des barriques gravée dans la pierre.

« Le vin égaye la vie et la pensée de chacun » disait Thomas Jefferson, contributeur à la rédaction de la déclaration d’indépendance des Etats-Unis puis président de son pays de 1801 à 1809. En tant qu’ambassadeur, il a séjourné quelques jours à Bordeaux durant lesquels il visita plusieurs vignobles. Cet amateur de vin vantait les richesses du vignoble bordelais lors de son retour aux Etats-Unis.

Encore de belles façades d’anciennes maisons de négociants de style néo-classique, typique de la fin du 19e siècle. Vous pourrez admirer les ferronneries et les balcons sur console. Ces derniers reposent sur des structures en pierre souvent en forme de S.

À cet endroit désormais lieu de promenade des Bordelais, l’ambiance était bien différente jadis ! Les bornes d’amarrage servent désormais aux bateaux de croisière. Regardez bien au sol, au niveau de la barrière qui vous sépare de la Garonne : on y voit encore les rails qui servaient autrefois aux grues qui déchargeaient la marchandise des bateaux. Puis levez les yeux et admirez l’enfilade des façades des anciennes maisons de négociants.

Pour écouter la capsule, positionnez-vous au niveau du Hangar 14

Ici se trouve une fabrique de clissage née en 1880. C’est, en quelque sorte, une maison de haute couture pour les bouteilles ! Le clissage est un élément décoratif réalisé à base de rafia, de linon ou encore d’inox. Admirez la ferronnerie tout en rondeur du garde-corps situé au-dessus de la porte d’entrée.

Elle a gardé ses pavés d’époque ! L’impasse Tramasse permettait aux manutentionnaires du port de faire rouler leurs barriques des chais au port. On imagine le bruit de celles-ci brinquebalant sur les pavés…

Les courtiers sont les intermédiaires entre le viticulteur et le négociant. Cette maison est celle de la célèbre famille de courtier Ripert. Sa façade est ornée d’un adorable mascaron à la tête d'enfant joufflu. Voyez-vous les deux petites fenêtres en bas ? Elles permettaient l’aération des caves.

Voilà une surprenante illustration de la protection des façades bordelaises classées au Patrimoine mondial de l’UNESCO ! En effet, au n°13 de la Rue Bourbon ne subsiste que la façade de cette ancienne maison de négociant faite de briques et de pierres. Elle cache une résidence datant de la fin du 20e siècle. Regardez bien ses détails ornementaux qui honorent le commerce du vin : un cep de vigne y est sculpté et un peu plus haut, une barrique et un casier de bouteilles.

La passion historique qui unit Bordeaux et la vigne valait bien qu’on y installe un temple pour raconter cette belle histoire ! Ainsi, la Cité du Vin a vu le jour en 2016. Installez-vous dans ses jardins et admirez son architecture contemporaine qui rappelle le mouvement du vin qu’on fait tourner dans un verre, ou la forme d’un cep de vigne, à vous de choisir. Quel meilleur endroit pour poursuivre votre journée sous le signe du vin à Bordeaux !